Assez !
Après Jean WILLOT à Eaubonne, dans le Val d'Oise en mars dernier, Jean-Pascal VERNET le 2 mai à Bareme dans les Hautes Alpes, la tentative d'une collègue des Bouches du Rhône le 12 septembre, c'est notre collègue Christine RENON, directrice d'école maternelle à Pantin en Seine Saint Denis qui met fin à ses jours le 23 septembre dernier !
L'émotion est immense dans la profession, en témoignent les réactions syndicales et celles de milliers de collègues en particulier sur les réseaux sociaux.
Militants de l'Autonome nous sommes de plus en plus contactés par des personnels qui témoignent de leur souffrance au travail.
Nous sommes les témoins d'une dégradation croissante des conditions de travail dans les écoles, les établissements.
Pour chaque situation, nous procédons à une écoute attentive du ou de la collègue et nous mettons en œuvre immédiatement un dispositif de conseils, d'aide, d'interventions (syndicats, administration...).
Force hélas est de constater que plus un(e) adhérent(e) est en difficulté, moins il (elle) a la force de réagir...
Maurice RAIFFÉ
Après Jean WILLOT à Eaubonne, dans le Val d'Oise en mars dernier, Jean-Pascal VERNET le 2 mai à Bareme dans les Hautes Alpes, la tentative d'une collègue des Bouches du Rhône le 12 septembre, c'est notre collègue Christine RENON, directrice d'école maternelle à Pantin en Seine Saint Denis qui met fin à ses jours le 23 septembre dernier !
L'émotion est immense dans la profession, en témoignent les réactions syndicales et celles de milliers de collègues en particulier sur les réseaux sociaux.
Militants de l'Autonome nous sommes de plus en plus contactés par des personnels qui témoignent de leur souffrance au travail.
Nous sommes les témoins d'une dégradation croissante des conditions de travail dans les écoles, les établissements.
Pour chaque situation, nous procédons à une écoute attentive du ou de la collègue et nous mettons en œuvre immédiatement un dispositif de conseils, d'aide, d'interventions (syndicats, administration...).
Force hélas est de constater que plus un(e) adhérent(e) est en difficulté, moins il (elle) a la force de réagir...
Maurice RAIFFÉ
Vu dans la presse
Une profession surexposée
Avec 39 cas pour 100 000, le taux de suicide est 2,4 fois plus élevé parmi les enseignants que pour la moyenne des salariés. Signe du malaise, en primaire, la proportion de démissions est passée de 1,08 à 3,18% entre 2012 et 2016, tandis que la profession est considérée comme l’une des plus exposées aux risques psychosociaux.
« les professeurs du premier degré sont, comparés aux cadres du privé et de la fonction publique, ceux qui doivent gérer les plus fortes exigences émotionnelles et qui subissent le plus de contraintes de temps et de pression » soulignait récemment une étude ministérielle.
Une profession surexposée
Avec 39 cas pour 100 000, le taux de suicide est 2,4 fois plus élevé parmi les enseignants que pour la moyenne des salariés. Signe du malaise, en primaire, la proportion de démissions est passée de 1,08 à 3,18% entre 2012 et 2016, tandis que la profession est considérée comme l’une des plus exposées aux risques psychosociaux.
« les professeurs du premier degré sont, comparés aux cadres du privé et de la fonction publique, ceux qui doivent gérer les plus fortes exigences émotionnelles et qui subissent le plus de contraintes de temps et de pression » soulignait récemment une étude ministérielle.
Christine Renon, symbole de la détresse des directeurs et directrices d'école - Frédéric Pommier France Inter.
Cliquer ici: www.youtube.com/watch?v=Dpvi02efJfc
Cliquer ici: www.youtube.com/watch?v=Dpvi02efJfc
Ne pas se contenter d'une expression de tristesse et de compassion...
Ce que nous demande Christine Renon, au travers de la lettre qu’elle écrit avant de se donner la mort, ne pourra se contenter d’une expression de tristesse et de compassion. Ce qu’elle nous demande, c’est d’entendre la souffrance quotidienne de ceux qui travaillent dans l’Éducation nationale. Une souffrance de la vie ordinaire, inscrite dans une multitude de faits que l’examen individuel pourrait considérer comme insignifiants mais dont la reconduction, l’accumulation, la persistance finissent par épuiser les personnes et par vider l’activité professionnelle de son sens, de sa finalité.
Qui pourrait trouver indéfiniment l’énergie de répondre à des demandes incessantes quand il ne perçoit plus que ces demandes sont au service de ses élèves ? Occupée toute la journée à une multitude de tâches mais ayant l’impression, le soir, de ne pas savoir ce que l’on a fait, nous dit Christine Renon.
Les discours communs fustigent le fonctionnaire en ressassant les préjugés de ses privilèges, de son inutilité, de son manque d’efficacité et de son coût. La respectueuse considération dont bénéficiaient les enseignants cède désormais trop souvent le pas à une remise en doute systématique de leur travail. Dans un contexte où la dégradation économique et sociale de la vie quotidienne submerge les familles de graves difficultés et que, dans bien des quartiers, il n’y a guère d’autre porte où frapper que celle de l’école, c’est à l’expression parfois violente du mal-être auquel les personnels doivent faire face. Les directrices et les directeurs sont aux premières loges et trop souvent, ils s’y sentent bien seuls.
La vision technocratique d’un management obsédé par la mesure et le contrôle submerge les directrices et directeurs de procédures, d’enquêtes, de dispositifs sans jamais s’interroger sur ce que représente, dans la réalité de leur temps de travail, l’accumulation de demandes parfois disparates ou inutilement associées à des pressions d’urgence. La simplification des procédures administratives annoncée à plusieurs reprises n’a guère eu d’incidences perceptibles. Protester contre cela vaut parfois de se voir renvoyer une mise en doute de sa loyauté …
La demande sociale de réussite scolaire pour tous les élèves, quelles que soient leurs difficultés, est une ambition nécessaire mais, à défaut de la soutenir par des moyens suffisants, elle confronte les personnels à des difficultés parfois insurmontables et toujours éprouvantes. Cela fait pourtant longtemps que nous manifestons de vives inquiétudes sur les graves conséquences psychosociales de ces situations sans être véritablement entendus ! Et comment celui qui vit cela, dans la difficulté quotidienne, pourrait-il recevoir sereinement les annonces d’une communication institutionnelle qui ne cesse de répéter que les problèmes sont résolus ?
La lettre de Christine Renon dénonce le profond dysfonctionnement dont elle est victime mais elle est habitée d’un profond respect de tous ceux avec qui elle travaille.
Elle témoigne de la place essentielle qu’avait son métier dans sa vie, comme pour tant de ses collègues.
Elle nous appelle à ce que soit donné au respect du travail de chacun, la part essentielle qui lui est due parce que nous contribuons toutes et tous à servir l’intérêt général.
Elle nous appelle à lutter, dans l’action construite et réfléchie collectivement, pour alerter de la dégradation des conditions de travail.
Elle nous appelle à lutter pour exiger de notre employeur l’exercice de son devoir de protection de ses personnels.
Elle nous appelle à lutter pour l’attribution des moyens nécessaires à l’exercice de nos fonctions pour que chacune et chacun de nos élèves puisse accéder aux savoirs et à la culture commune.
Paul Devin est secrétaire général du Syndicat des Inspecteurs de la FSU
- 28 sept. 2019
- Par Paul DEVIN
- Blog : Le blog de Paul DEVIN
Ce que nous demande Christine Renon, au travers de la lettre qu’elle écrit avant de se donner la mort, ne pourra se contenter d’une expression de tristesse et de compassion. Ce qu’elle nous demande, c’est d’entendre la souffrance quotidienne de ceux qui travaillent dans l’Éducation nationale. Une souffrance de la vie ordinaire, inscrite dans une multitude de faits que l’examen individuel pourrait considérer comme insignifiants mais dont la reconduction, l’accumulation, la persistance finissent par épuiser les personnes et par vider l’activité professionnelle de son sens, de sa finalité.
Qui pourrait trouver indéfiniment l’énergie de répondre à des demandes incessantes quand il ne perçoit plus que ces demandes sont au service de ses élèves ? Occupée toute la journée à une multitude de tâches mais ayant l’impression, le soir, de ne pas savoir ce que l’on a fait, nous dit Christine Renon.
Les discours communs fustigent le fonctionnaire en ressassant les préjugés de ses privilèges, de son inutilité, de son manque d’efficacité et de son coût. La respectueuse considération dont bénéficiaient les enseignants cède désormais trop souvent le pas à une remise en doute systématique de leur travail. Dans un contexte où la dégradation économique et sociale de la vie quotidienne submerge les familles de graves difficultés et que, dans bien des quartiers, il n’y a guère d’autre porte où frapper que celle de l’école, c’est à l’expression parfois violente du mal-être auquel les personnels doivent faire face. Les directrices et les directeurs sont aux premières loges et trop souvent, ils s’y sentent bien seuls.
La vision technocratique d’un management obsédé par la mesure et le contrôle submerge les directrices et directeurs de procédures, d’enquêtes, de dispositifs sans jamais s’interroger sur ce que représente, dans la réalité de leur temps de travail, l’accumulation de demandes parfois disparates ou inutilement associées à des pressions d’urgence. La simplification des procédures administratives annoncée à plusieurs reprises n’a guère eu d’incidences perceptibles. Protester contre cela vaut parfois de se voir renvoyer une mise en doute de sa loyauté …
La demande sociale de réussite scolaire pour tous les élèves, quelles que soient leurs difficultés, est une ambition nécessaire mais, à défaut de la soutenir par des moyens suffisants, elle confronte les personnels à des difficultés parfois insurmontables et toujours éprouvantes. Cela fait pourtant longtemps que nous manifestons de vives inquiétudes sur les graves conséquences psychosociales de ces situations sans être véritablement entendus ! Et comment celui qui vit cela, dans la difficulté quotidienne, pourrait-il recevoir sereinement les annonces d’une communication institutionnelle qui ne cesse de répéter que les problèmes sont résolus ?
La lettre de Christine Renon dénonce le profond dysfonctionnement dont elle est victime mais elle est habitée d’un profond respect de tous ceux avec qui elle travaille.
Elle témoigne de la place essentielle qu’avait son métier dans sa vie, comme pour tant de ses collègues.
Elle nous appelle à ce que soit donné au respect du travail de chacun, la part essentielle qui lui est due parce que nous contribuons toutes et tous à servir l’intérêt général.
Elle nous appelle à lutter, dans l’action construite et réfléchie collectivement, pour alerter de la dégradation des conditions de travail.
Elle nous appelle à lutter pour exiger de notre employeur l’exercice de son devoir de protection de ses personnels.
Elle nous appelle à lutter pour l’attribution des moyens nécessaires à l’exercice de nos fonctions pour que chacune et chacun de nos élèves puisse accéder aux savoirs et à la culture commune.
Paul Devin est secrétaire général du Syndicat des Inspecteurs de la FSU